musicale nocturne

Mardi neuf heures du soir, j'ai pris le train encore,
Echaudée du voyage et rompue aux machines,
Je rêve que les sièges meuvent leurs corps,
et que leurs pieds arqués me chantent des comptines.

Immobiles et pourtant je les vois se mouvoir,
Tels des araignées en file dans le couloir,
Leur silence est pesant, je préfère qu'ils piaillent,
Que je rie avec eux, que je fasse ripaille.

Point n'est drôle en effet, le trajet du retour,
Esseulée sur mon siège, en peine de discours,
J'aime à imaginer qu'ils dansent et se dandinent
Rompant de leur ballet la nocturne routine.

Il en va de ses jours où, aussi, fatigués,
Ils s'épanchent à moi, aigrie de leur wagon,
Partageant leur émoi de me voir épuisée,
Ils défendent en chantant leur étrange lagon.

Où je vois vase clos, où je pense prison,
Ils s'octroient la folie d'y trouver poésie,
Et tentent par leurs cris d'énoncer leur vision,
Mais j'ai du mal ce soir à croire l’élégie.

Fermant quelques instants les yeux en malpolie,
Je me fais rappeler à l'ordre par mon séant,
Enfin qui ose ainsi révéler son ennui,
A l'écoute des bruits des hôtes bienveillants.

Car reconnaissons-le, nous nous sommes invités,
Aux chaises musicales de ces strapontins
Sans moindre prévenance, nous nous sommes affalés
Au point qu'on ne sait plus qui sont les vrais pantins.

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