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Affichage des articles du juin, 2011

Fenêtre sur Paris

Du haut de la grand tour, je vois le tout Paris, Il fait vent fort ce soir, et j'ai la main de glace, J'imagine d'ici, que le monde s'oublie, Et j'ai froid dans le coeur, et j'ai le vent de face. Donnez passants aigris, du temps au vieux Paris, Il chante bon matin, l'humanité moderne, Laissez-le vous séduire et griser votre nuit, Vous verrez, votre jour, n'en sera que moins terne. Passez, passants pressés, sous ma fenêtre grise, Laissez monter chez moi, des bribes de vos vies, Amitiés inconnues dont je me suis éprise, Que de l'adversité jamais je ne m'ennuie. J'aime donc au matin donner à la rue calme, Ma première humée, la naissante conscience, Et de tous les auteurs je vous donne la palme, De l'intrigue fleurie, de la chère impatience! Je vois chacun de vous, courir à l'heure des laudes, Vers un semblant d'amour et fuir le quotidien. Il faut pour s'échapper, non des contrées plus chaudes, Mais de l'

A Odilon Redon

J'ai découvert hier, ce quatrain onirique, De Redon et sa main, le rêve magnifique, Des ombres rebondies de l'imagination, Qu'il crayonne à l'envie, loisir de l'abandon. De l'eau vive ou bien forte, il use son papier Nous remet en pension ses rêves dépravés, Saisissons les regards qui distendent les cadres, Loin des longs corps tortueux de ses hydres. Un, deux, trois ses troncs amers qui se dessinent, Ainsi que Trinité, noueuses oraisons, Il manie fusains sur papier de Chine, Si bien que sur Velin il lance ses crayons. De blanc à noir, s'écoule l'infini, Encore un oeil à la sphère arrondie, Qu'il y ait trouvé sujet de prédilection, Ne questionne point notre admiration!

écrire encore

Il faut que ma plume, point je n'effraie, De l'angoisse qui soudain m'envahie, Qu'ai-je à dire du monde qui m'entoure? N'ai-je pas lu assez, qui me vienne en secours? De sa vie le poète n'a de cesse, D'enjoliver et de parer d'atours, Que ne suffisent ces joies, et paresse Jamais ne suffira pour écrire toujours. Il enrichit de ses vers la mesure, Qu'il prenne ici de nouvelles tournures, Qu'il trouve là de jolis oxymores, Mais ce n'est pas assez pour qu'il écrive encore. De quatrains en tercets, il faut parer, Au vide et la page blanche enjamber, Seul, trop vite l'écrivain fait le tour, De ses démons, lors vaut-il mieux qu'il s'entoure. Qu'importe faste ou bien désuétude, L'extrême en tout nourrit l'inquiétude, Qui pousse littérateurs au génie, Et qu'enfin de ses vers, il retrouve l'envie.

Albion glorieuse

Du fond de l'antre mordoré, J'ai vu l'aurore s'enivrer Des chants humains galvanisants Que poussent les corps rugissants. Absinthe au corps, étoile au front, S'ébranlent les troupes en haillons, Lors l'âme fière des forbans, Va par monts, vagues et haubans. La plume alerte de Shakespeare, Saisit alors ceux qui expirent, Ceux à qui est ravie la gloire, Leur donne posthume victoire. J'ai fait ce rêve dans la lande, Que parmi ces corps valeureux, Parmi tous ces chevaliers preux, Elisabeth se faisait voir, Et redonnait enfin à croire, Qu'Albion aurait paisible offrande.

mât-drénaline

J'ai levé les yeux vers ce mât J'y ai vu l'horizon grenat Sans croire aux courbes de l'ennui, De la lune qui s'y blottit. Soudain de l'objet bedonnant, De l'oubli frêle et fredonnant, A bientôt chue la nuit sans fin Donnant à croire au lendemain. Du bout du mât, tel harponneur, Soleil guerroie contre sa soeur De quoi réjouir les gabiers Qui cherchent lieu où accoster. Du fond des baies, en solitaire Sanglote cependant la terre, Qui pleure l'honnie des navires, Dont les mâts enivrés chavirent. Elle est bien seule, pour le croissant, A verser ses larmes d'enfant Car pleutres point sont les matelots, Que tant qu'ils ont du jour l'écho.