La méprise de Nana

J'ai crus voir sur l'huis l'âme de mon mignon,
Qui venait follement piétiner mes amours
Crachant à qui l'écoute le lait du giron
Comme il est fort naïf, jeune on le croit balourd,

J'ai commis la méprise de laisser genoux,
Sous la tête rieuse de l'enfant pieux,
Malheureuse étourdie, je frappais tout à coup,
Le coeur qui aussitôt se libérait de dieu.

Longtemps je l'ai laissé fureter dans mes jupes,
Que dis-je, s’enivrer du bord de mes chevilles,
Je le croyais nigot, peuh, il n'était pas dupe,
Il savait que je ne suis pas des chastes filles.

Un jour je crus pouvoir m'échapper de la fête,
Mais l'affreux sottement me tenait le crachoir,
Déjà j'étais découverte, et me trouvais bête,
Je ne savais comment sinon le faire boire.

J'eus bientôt à mon bras une bien ivre loque,
Balbutiant des mots doux aux nombreux soupirants,
Que j'avais, oublieuse, conviés en rentrant,
Du théâtre où jouait mon mignon d'amerloque.

Point n'est assez de dire mon fort embarras,
d'être ainsi embrassée par le fougueux babil,
de ce gamin ganté, pouponnant et bien gras,
Il faudrait pour sortir de ce pas être habile.

Cependant si nature me fit généreuse,
Elle-même traîna à me donner l'habit,
Des lumières du mot, de la tournure creuse,
Qui sauve maints galants, quoique bien malappris.

Me voilà donc honnête, en mauvaise posture,
Quelle belle leçon, on ne m'y prendra plus,
Je laisse aux érudits les joies de l'imposture,
Et garde de l’idylle un goût amer et cru.

Commentaires

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