un seul être vous manque....

"un seul être vous manque et tout est dépeuplé"...
et si cet être c'était soi? Si parfois, nous oublions qui nous étions et que l'on se perdait dans de sinueuses divagations de nous-même? Il m'arrive de me regarder dans le miroir et d'y voir tant de personnes différentes. L'être n'est pas un, c'est certain. Mais il y a forcément un "soi" qui nous va mieux, la tête des matins heureux. Celle où l'on se sent prêt à sortir dans la rue, prêt à dire bonjour à tous les inconnu(e)s croisé(e)s.
Mais bien souvent, la tête qu'on voit le matin, c'est celle des petites pertes de soi-même, des bouts qu'on a laissés sur un banc, dans un verre vide, au fond d'un amphithéâtre...
Il existe de ces petits moments où l'on sait que des petits bouts de nous-même sont perdus. Et il n'est pas toujours possible de les retrouver. Il nous faut du temps, du silence, et un peu d'aide extérieure pour revenir à ce "soi" paisible.
Une personne très avisée me dit souvent que l'étude assidue et silencieuse est l'une des meilleures manières de revenir vers ce "soi" gratifiant, qui nous donne la force lors des matins pluvieux. J'en ai longtemps douté, par manque de maturité sans doute, et pourtant, est-ce vrai? Sans doute.
Le retour vers "soi" n'est pas toujours synonyme de nombrilisme. L'exploration du moi passe bien souvent par l'ouverture vers les autres. Une recherche trop approfondie de notre "moi" ne mène qu'à plus de confusions. Car nous sommes des êtres d'expressions.
Certains diront grégaire. Et pourtant je crois véritablement à l'effet d'entrainement que des gens peuvent avoir les uns sur les autres. Cette émulation intellectuelle qui nous permet d'aller jusqu'au bout de nous-même dans la recherche de la connaissance. Le chemin se trace de lui-même et nous amène jusqu'au point de rendez-vous que nos "soi" se donnent.
L'introspection ne se concentre que sur le moi actuel, celui des matins perdus où les souvenirs qu'on a dispersés à tous les coins de la ville et qui finissent par nous manquer, nous font douter de nous-même. L'extra-spection, comme j'aime à la nommer, nous amène vers un "soi" plus joli, vers un soi qui se reconstruit en permanence et compense ces petites pertes que la vie de tous les jours -et l'imperfection humaine- provoque.
Soyons boulimiques, plongeons jusqu'à l'extérieur de nous-même pour y trouver ce que nous cessons, par inadvertance, de laisser tomber de nos poches. L'éducation c'est répéter 1000 fois la même chose, et le faire 1000 fois de plus. La construction de soi, c'est répéter 1000 fois ce processus éducatif...la route est longue!

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