balade en métro

Lundi, 9h15
Je cours je cours, Raspail, à moi les marches! J'ai vu sous les arcades arriver le métro, une minute au bas mot et pourtant un espoir, quatre à quatre, si je lance bien devant le bout de mes converses, peut-être arriverais-je à m'y faufiler. La sonnerie, portes fermées, trop tard, le train démarre. Mais non, quoi? Il s'arrête, est-ce moi qui est l'objet du stop? Oui, oui, métro je t'aime, Sésame ouvre toi! Et non rien, quoi, que veut dire ce mutisme étonnant? Je brode, je brode, la tête à gauche et là, l'antre est ouverte, celle inconnue, celle réservée, la cabine du chauffeur. J'avance, je rentre la tête, il fait sombre, j'interroge. Oui, on me réponds, je peux m'y engouffrer. Je me place, dans le coin, je souris, sourire mutin. Ah je suis dans la place, la pénombre agréable et les gens derrière, agglutinés. C'est trop long parait-il de faire rouvrir les portes et je profite ainsi de ce petit privilège. Ais-je déjà entendu, il me semble, cette rumeur anonyme, que parfois l'occasion se présente, et que tous ces chauffeurs ouvrent leur donjon.
Le métro démarre, et je vois défiler les lumières sur le murs, les stations arriver. Je crois, voici Vavin, mon instant terminé, et l'offre qui s'énonce, à moi cette cabine et jusqu'à Saint Germain!
Décor un peu vieillot, boutons déjà lustrés, cliquetis de compteur, patine des instruments, j'entends chaque seconde l'histoire se répéter. Et clic et clic font les aiguilles, jusqu'à cinquante à l'heure, on file et les stations s'exhibent de loin en loin. Je ne parle qu'à peine, et j'ai l'air vraiment bête, un garçon de quatre ans serait moins ébahi. Je suis là, encore Paris qui me donne à sourire, bonheur petit matin. Des bribes de Germinal me reviennent à l'oreille. Les mines, les souterrains et les codes de confrérie. L'exclusion recrée-t-elle la civilité? Réduire les contacts et leur redonner vigueur, entrain et politesse. A chaque métro croisé, salutation silencieuse, d'ombre à pénombre, on se donne le bonjour, on voit, on imagine, le collègue amical. Est-il donc plus facile, de train à train, de savoir dire bonjour, que de bureau à bureau? Ces mondes en décalé, où l'on connait encore, le prix des petits gestes.
Je suis ravie ravie de voir derrière les vitres toute cette humanité. Métro encore une fois tu m'as enchanté. Me faire porte parole de la vie métronome, Lorànt Deutsch dit nous comment, et sachons faire de la rue, au soleil ou à l'ombre, le sein de nos émois...

Commentaires

  1. Mais j'apprends tout juste en lisant ces quelques mots d'un moment éphémère, que mademoiselle voyage dans l'antre sombre des conducteurs de métroplitains !
    Cela est raconté avec originalité et réflexion. Joli passage...

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